Je souffre de dé-pression de la vingtaine

J’ai 26 ans. Et même si je commence à avoir une idée claire de ce que j’aime ou ce que je n’aime pas dans mes relations, dans ma façon de m’habiller ou dans mon petit-déjeuner, il y a encore plein de points d’interrogation dans mon quotidien. Qui suis-je ? Qui veux-je devenir ? Avoir la vingtaine c’est se poser tellement de questions auxquelles on n’a pas de réponse. And that’s ok I guess!

À voir les gens autour de moi, je dirais qu’on est vraiment adulte à partir de 40 ans. Physiquement, un peu, mais surtout dans notre façon d’être. À 40 ans on a tout un tas d’automatismes qui, à 20 ans, ne viennent pas naturellement. On pense à prendre de l’eau quand on a un long trajet, on choisit cette casquette parce qu’elle est pratique, on sait quels médicaments prendre à quelle heure et on sait ce qu’on veut ou non pour plus tard. Peut-être que c’est juste moi qui me prends la tête – ça ne m’étonnerait pas – mais j’ai vraiment l’impression de me réveiller chaque matin et repartir à zéro. Un coup mon quotidien est exceptionnel, un coup je vois tout ce que je pourrais y changer. Un coup je ris. Un coup de pleure. Un coup de pète un câble et j’ai envie de partir à Bali. Un coup je ne me verrais pas sans mon petit cocon dans le sud de la France. C’est donc ça, la dépression de la vingtaine ? Être perdu entre deux vies, celle d’enfant et celle d’adulte, sans vraiment trouver sa place ?

On appelle ça la déprime ?

Dépression, c’est un grand mot. C’est surtout un mot médical avec lequel il ne faut pas jouer. Ce dont je souffre – on souffre – , je pense, c’est de la dé-pression de la vingtaine. Une pression sociale qu’on se met inconsciemment. Je sais que dans quelques années, j’aurai des enfants. Que je serai plus rangée, embarquée dans un quotidien de maman qui me fait peur. Troquer mon moment écriture pour donner le biberon, ce n’est pas encore quelque chose qui me fasse vibrer. Je sais que plus les années passent, plus le temps passe vite. J’ai l’impression d’avoir eu 20 ans hier, et déjà 6 ans sont passés. Enfin, j’ai l’impression que si je ne deviens pas riche demain, je ne le serai jamais. Parce que tout va trop vite et chaque matin où je me réveille incertaine de mes envies, j’ai l’impression que c’est une matinée de perdue. Et cette pression, on se la met seul !

Reconnaissance infinie

J’ai déjà entendu des adultes – je ne me sens pas encore adulte – dire « les jeunes vous vous prenez trop la tête. Nous on va bosser, on rentre, et c’est tout ». Est-ce que c’est cette génération TikTok qui n’est jamais satisfaite ? Peut-être. Le plus frustrant pour moi, c’est qu’au final, mon quotidien, je l’aime. J’ai une boîte qui me permet de faire ce que je veux depuis 3 ans. J’ai des employées adorables, des bureaux que j’adore. Un associé hors pair. Et pourtant, je me perds encore dans des heures de « qu’est-ce que je veux apporter au monde, qu’est-ce qui me fait vibrer ? » Je ne sais pas si je le saurai vraiment un jour. Pourtant, je vois autour de moi : je ne suis pas la seule maso à m’infliger ça, et je suis sûre que parmi les lecteurs de cet article, nous sommes nombreux dans ce cas. Alors, ensemble, faisons un essai. Enlevons la pression de la vingtaine et voyons cette période comme une période d’essai.

Et si on se disait qu’on a 10 ans pour se trouver ?

De 20 à 30 ans, on expérimente. On se casse la gueule. On trouve des solutions. On perd de l’argent, des amis, des passions. On commence à payer des impôts, à travailler, à connaitre l’Ursaaf, la CFE, à parler politique en soirée. On sait faire tourner une machine à laver, faire les courses, on achète enfin les promos que notre maman achetait et dont on se moquait. Et si ça dure aussi sur la trentaine, au final, il n’y a rien de grave. Si tout peut s’arrêter du jour au lendemain, au moins, on aura vécu en essayant – si c’était aussi simple que ça, la vie, on serait tous milliardaires. Puis au final, on ne vit pas vraiment avant de s’être cassé la gueule et d’avoir conscience de soi. De qui on est. De sa personnalité. Alors voyons ces années comme une grande expérience, et testons.

Je sais

Je sais que je ne vais pas arrêter d’être frustrée demain. Que mon envie de tout plaquer pour lancer une marque de bikini ou un séminaire de confiance en soi ne va pas s’estomper en 2 heures. Et surtout, que j’aime mon quotidien d’entrepreneur qui aide les marques à avoir une comme à leur image. Combien de temps avant un virage à 360 degrés de la boîte et de ma vie ? Aucune idée. Rien ne presse, au final. J’ai MAIS je sais que tout arrivera quand ça doit arriver. Que la vie est pleine de surprises et que chaque jour peut tout changer. En attendant, dites-vous que vous n’êtes pas seuls à douter chaque jour. Et qu’il y a tellement de possibilités. Comment savoir si on veut être docteur, vendre des peluches au crochet sur TikTok ou devenir créatrice de site web ? J’ai testé la méthode Ikigai (que je recommande), le journaling – incroyable. J’ai lu des livres, regardé des vidéos YouTube. Alors qu’au final, la seule méthode dont j’ai besoin, c’est de ne pas en avoir. And let it be.